Véhicules industriels : vers un recul des immatriculations fin 2023

Véhicules industriels : vers un recul des immatriculations fin 2023

Selon l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI), seule une étude sur toute la durée d’exploitation d’un matériel (de VI) permet de faire les bons choix tant sur la marque que sur l’énergie. Dans un environnement instable, la profession prépare l’avenir et s’engage à la constitution de flottes « plus propres ».

véhicule industriel
L’écosystème du véhicule industriel vit une mutation sans précédent Crédit photo : Renault Trucks

À l’issue 1er semestre 2023 marqué par une augmentation plus forte qu‘attendue des immatriculations due à une hausse des livraisons, l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) de BNP Paribas Rental Solutions sur les secteurs du Transport Routier de Marchandises (TRM) et du Véhicule Industriel (VI) a publié le 28 juin 2023 ses prévisions pour la 2ème partie de l’année. Pour autant, les derniers mois de 2023 devraient connaître un ralentissement progressif des immatriculations pour différentes raisons.

« 2022 A ÉTÉ L’ANNÉE DE L’ACCÉLÉRATION DE L’INFLATION ET DE LA PÉNURIE DE MATIÈRES PREMIÈRES, 2023 POURRAIT ÊTRE PLUS FAVORABLE MAIS L’ACTIVITÉ A DU MAL À REPARTIR»

 « Dans un environnement instable (calendriers et critères d’accès aux ZFE, prix des carburants, aides et subventions, Euro VII, inflation), les exploitants se protègent, rallongent la durée de vie des parcs et reportent les commandes de renouvellement. Les prix sur le marché des véhicules d’occasion fléchissent car, du fait du retour des livraisons, la pression sur l’offre de véhicules d’occasion diminue. Les entreprises souhaitant profiter de véhicules neufs peuvent à nouveau le faire », déclare Arnaud Villéger, Directeur de l’Observatoire du Véhicule Industriel, organisme créé sous l’impulsion du Groupe BNP Paribas et de BNP Paribas Rental Solutions. 

La réouverture de l’économie chinoise a permis au volume des exportations mondiales de se stabiliser début 2023, malgré de fortes différences entre les USA et l’Europe de l’Est où les exportations ont progressé. Si le pic de l’inflation en zone euro a probablement été atteint en octobre 2022, le processus de désinflation s’annonce lent avec notamment des prix à la consommation hors énergie qui ont progressé de 7,9% en mars… Malgré cela, l’activité économique au sein de l’union européenne résiste mieux que prévu. 

« 2022 a été l’année de l’accélération de l’inflation et de la pénurie de matières premières, 2023 pourrait être plus favorable mais l’activité a du mal à repartir. Les chefs d’entreprise sont pessimistes tant sur l’activité, les effectifs que la trésorerie, constat fait tant par la FNTR que par la Banque de France. »

Par ailleurs, une étude de mars 2023 du CNR révèle une forte distorsion des taxes et des redevances routières qui pénalise fortement le marché français. La conséquence étant qu’ une part du pavillon français dans le transport international est passée, en 20 ans, de 9,6% à 4,3%.

Immatriculations en Europe : un premier trimestre prolifique

Le 1er trimestre 2023 a été très prolifique pour les acquisitions de véhicules de 3,5t et plus en Europe. Il s’est immatriculé 102 025 véhicules, en hausse de 19,4% par rapport au 1er trimestre 2022 avec des augmentations allant de 9,5% en Italie à 25,2% pour les pays de l’Europe de l’Est.

En Allemagne, qui présentent un retard de 18% depuis la crise versus 9% pour l’ensemble de l’Europe, les immatriculations ont connu une progression de 20,9% avec 80 409 unités sur 12 mois. La Grande-Bretagne connait presque le même retard avec 46 037 immatriculations sur 12 mois alors que l’Espagne ne s’est jamais remise de la crise de 2009 avec 24 433 unités. Seule l’Italie affiche un record d’immatriculations depuis 2019 avec 26 073 enregistrements en un an.

L’Europe de l’Est reste à nouveau la région la plus dynamique avec 80 999 immatriculations sur les 12 derniers mois avec une Pologne dans la même dynamique avec 36 329 unités, en progression de 14,1% sur un an.

En France, les immatriculations de VI de 5t et plus sur les 5 premiers mois de l’année se sont bien comportées avec 20 938 enregistrements (+8,1% par rapport au 5 premiers mois de 2022). Les tracteurs ont enregistré 11 973 véhicules (+6,2%) et les porteurs ont connu une hausse de 10,7% sur la période. Cependant, en cumul annuel, la progression est beaucoup moins nette. Il reste que les immatriculations de poids lourds neufs de plus de 5 t ont bondi de 29 % en juin dernier en France, à 5 322 unités, soit quasiment 1 200 de plus qu’en juin 2022. 

Le coût total de détention devient un outil d’aide à la décision

Alors que l’écosystème du véhicule industriel vit une mutation sans précédent, l’OVI souhaite mettre en avant le TCO (Total Cost of Ownership), soit le coût total de détention d’un objet par son utilisateur final. Dans le cadre du véhicule industriel, le TCO inclue à minima : le loyer financier (où le coût du véhicule), les coûts liés à la maintenance (entretien du châssis et des équipements, pneus…), les coûts de l’énergie, la fiscalité applicable et les aides et subventions des pouvoirs publics, ainsi que d’autres éléments indirects impactant (fiabilité et taux d’immobilisation…). Selon les angles de comparaison envisagés, d’autres postes de coûts peuvent également intégrer le TCO comme le salaire des chauffeurs, les frais d’assurance, le bonus écologique, les bornes de recharge…

Le TCO permet ainsi d’avoir une vision précise et devient un outil d’aide à la décision incontournable s’agissant des énergies alternatives, précise l’OVI. En effet le prix d’un véhicule à l’achat ou le coût des énergies ne suffisent pas dans le choix d’un véhicule. Si l’on compare uniquement par rapport au montant d’investissement, un véhicule électrique coûte deux à trois fois un équivalent diesel. Lorsque l’on utilise une approche TCO, celui des véhicules électriques peut se rapprocher significativement du TCO en mode diesel (exemple : d’une nacelle 3,5 t)… Le prix d’acquisition n’est plus le seul poste à considérer pour comparer des marques, des énergies, des durées de détention, ou même des loueurs.

Le TCO est donc un outil de comparaison efficace permettant d’aider l’exploitant à faire un choix pertinent et plus objectif, commente l’OVI. L’approche TCO permet par ailleurs d’avoir une idée des postes de coûts les plus importants dans la détention d’un véhicule. Concernant les tarifs à l’achat du matériel, les prix des véhicules neufs continuent d’augmenter avec une hausse de 12% par rapport au 1er semestre 2022 et concerne aussi bien les tracteurs que les porteurs.

70 milliards d’euros, le coût de la transition énergétique

Une évaluation du coût de la transition écologique en France vient d’être faite par l’institut France Stratégie : elle nécessitera près de 70 milliards d’euros, soit 2 ou 2,5 points de PIB de dépenses annuelles supplémentaires. Comment y parvenir ? Une transition autofinancée s’avérant peu réaliste, la question de son accompagnement par la fiscalité, l’emprunt, ou les modes de financements alternatifs comme la Location Longue Durée – grâce à laquelle l’utilisateur ne supporte que l’usage – se pose plus que jamais… Sans oublier de veiller à ce que toutes les aides des pouvoirs publics soient bien applicables aux différents modes de financement de la transition énergétique.

La feuille de route de décarbonation de la filière véhicules lourds a par ailleurs permis de mettre en avant plusieurs points majeurs pour arriver à cette décarbonation comme la pluralité des énergies dans les flottes, un TCO électrique vs diesel quasiment égal à partir de 2025 pour les 16/19 tonnes, l’hydrogène à partir de 2030, le réseau d’avitaillement à déployer « à marche forcée », les aides gouvernementales comme leviers indispensables de l’équilibre économique, enfin l’alerte sur les capacités d’investissement des exploitants liées à la forte hausse du prix des matériels.

Enfin, l’OVI lance cette année « les cahiers de l’OVI » dont le premier numéro mettra le focus sur les zones à faibles émissions (ZFE). A la date du 10 juillet 2023, 12 ZFE en France excluaient déjà les véhicules les plus polluants. La généralisation de ces zones et l’interdiction progressive des véhicules les plus polluants sont ainsi prévues par la loi dans quelque 43 agglomérations en France métropolitaine.

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Auteur

didier rougeyron journaliste movin'on

Didier ROUGEYRON

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