En 2035, l’investissement à grande échelle dans les infrastructures de transition verte est la clé des nouvelles mobilités.
En 2035, l’investissement à grande échelle dans les infrastructures de transition verte est la clé des nouvelles mobilités.
Le secteur des transports représente aujourd’hui encore ¼ des émissions de CO2 dans le monde. Difficile, par conséquent, d’imaginer sa décarbonation sans aborder la question énergétique qui la sous-tend.
Une réflexion qui, pour être suivie d’actions, doit impérativement mettre autour de la table les acteurs industriels et des politiques publiques permettant de fixer des bases communes. Car si la décarbonation est un objectif collectif, les chemins pour y parvenir se révèlent, eux, distincts et complexes selon que l’on soit professionnel du transport, de l’énergie ou des infrastructures.
Assurer une énergie décarbonée sur tous les territoires
Il n’y aura par conséquent d’innovations notoires que par un croisement des expertises et une collaboration de tous les acteurs en présence. Pour une entreprise comme Engie, l’important est aujourd’hui d’assurer le déploiement et la disponibilité des stations de recharge sur tout le territoire pour permettre d’entrainer l’adhésion des acteurs du transport pour les énergies renouvelables.
« NOUS DEVONS NOUS ASSURER, EN TANT QU’ÉNERGÉTICIEN ET DÉVELOPPEUR D’INFRASTRUCTURE, DE FOURNIR SUFFISAMMENT D’ÉNERGIE DÉCARBONÉE POUR NOS STATIONS DE RECHARGE ÉLECTRIQUES. »
Marion DERIDDER-BLONDEL, Chief Development & Strategy Officer, Engie Energy Solutions.
Soutenir une politique de l’offre
Une vision partagée par Jean-Marc Ollagnier, EMEA Chairman chez Accenture qui estime pour sa part que cette désirabilité est aussi une dynamique qui doit gagner les collaborateurs des entreprises, qui constituent le bras armé pour accélérer la transition. « Nous n’allons pas assez vite. Nous le savons tous. Alors misons sur une partie de nos équipes pour y parvenir » insiste-t-il.
Pour Julia POLISCANOVA, cette dynamique passe surtout par une politique de l’offre qu’il convient de bâtir. (photo ci-dessous, lors du Movin’On Summit 2024 à Bruxelles).
« LA GRANDE MAJORITÉ DES GENS VEUT JUSTE UN VÉHICULE OU UN MODE DE TRANSPORT SIMPLE, QUI FONCTIONNE ET QUI SOIT ABORDABLE. ILS SE FICHENT DE TOUT LE RESTE. »
Julia POLISCANOVA, Senior Director, Vehicles & Emobility Supply Chains Brussels, Transport & Environment.
Selon elle, il est important que les constructeurs européens s’engagent dans une capacité à produire des petits véhicules décarbonés abordables. Une offre de « Pop Cars » qui n’existe actuellement pas pour des raisons règlementaires et commerciales, mais qui pénalise fortement la compétitivité du marché européen face notamment à celui grandissant de la Chine.
Le numérique, levier de la performance énergétique
Pour Jean-Marc Ollagnier, la transition énergétique est aussi une affaire d’efficacité, pour laquelle la technologie numérique se révèle un levier incontournable pour permettre un passage à l’échelle.
Une efficacité qui passe par la capacité à mesurer, évaluer pour faire les meilleurs choix énergétiques et désormais optimiser des process et des systèmes grâce au machine learning, y compris dans des domaines comme l’économie circulaire. « Les technologies numériques sont une partie de la solution » rappelle-t-il. « Nous avons inventé, il y a quelques années, le concept devenu assez populaire de “twin transition”, qui rappelle que
« NOUS NE PARVIENDRONS À UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE SANS TECHNOLOGIE DIGITALE. PAR AILLEURS, CETTE TECHNOLOGIE DIGITALE A BESOIN DE BEAUCOUP DE NOUVELLES ÉNERGIES POUR FONCTIONNER. » Jean-Marc OLLAGNIER, EMEA Chairman, Accenture
Il faut donc prendre garde à ce que le remède numérique ne se révèle pas pire que le mal dans ce contexte de double transition, où le secteur digital est en passe de devenir le principal consommateur d’énergie dans la prochaine décennie.
Changer les perceptions sur la décarbonation des transports
« 80 % DES ÉMISSIONS DE CO2 POURRAIENT ÊTRE RÉDUITES GRÂCE AUX TECHNOLOGIES DÉJÀ EXISTANTES. »
Rana ADIB, Executive Director at REN21 & Chairperson at Slocat, qui regroupe de multiples acteurs engagés dans la transition vers les énergies renouvelables.
Pour elle, la transformation n’est ni une question d’énergie, ni de moyen de transport, mais plutôt de modèle de société qui doit regrouper derrière lui les acteurs économiques, politiques et la société civile.
Rien ne se fera si ces trois acteurs ne poussent pas dans le même sens. Pour cela, les pouvoirs publics ont un rôle fondamental à jouer pour imposer une feuille de route et assurer une offre d’énergie décarbonée équilibrée sur tous les territoires.
« Nous parlons d’un déploiement massif en matière d’infrastructures, qui soit fait dans un esprit d’intégration de tous les secteurs en présence » précise-t-elle. La transition énergétique implique une massification des investissements seule susceptible de permettre d’atteindre rapidement une masse critique des infrastructures. Un mouvement qui a, par conséquent, aussi besoin d’une stratégie claire et partagée.
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