UE : vers une baisse des émissions de 90 % pour 2040 ?

UE : vers une baisse des émissions de 90 % pour 2040 ?

Plusieurs États membres de l’UE réclament à la Commission européenne “un objectif climatique ambitieux” pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Le déploiement de technologies bas carbone pour l’ensemble des modes de transport sera un levier essentiel pour y parvenir. Explications.

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En moyenne chaque année, 27 tonnes de marchandises sont transportées sur environ 200 km pour chaque Français Crédit photo : Renault Trucks

L’UE s’est fixée comme objectif climatique une réduction de ses émissions de 55 % à horizon 2030 (par rapport à 1990) et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050. Pour fixer un jalon supplémentaire, la Commission européenne présentera le 6 février sa proposition pour 2040 qui fera l’objet d’une proposition législative. Elle prévoit une réduction de 90% des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) à cette échéance, toujours par rapport aux niveaux de 1990, dans la ligne des recommandations du Conseil scientifique consultatif européen.

Neutralité carbone au plus tard en 2050

Dans une lettre commune adressée à la Commission européenne, onze Etats membres – France, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Danemark, Portugal, Autriche, Bulgarie, Finlande, Irlande et  Luxembourg- appellent ainsi Bruxelles à proposer “un objectif climatique ambitieux” pour l’UE à l’horizon 2040. Ce courrier, signé par les ministres de l’Environnement ou du Climat de ces pays, vient accentuer la pression sur l’exécutif européen qui doit présenter le 6 février une étude d’impact sur les différents scénarios, avec ses recommandations.

Les Vingt-Sept se sont déjà entendus pour réduire de 55 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990. A plus long terme, l’Union vise la neutralité carbone, au plus tard en 2050, en vertu d’une loi Climat adoptée en 2021.  

Après la COP28 qui s’est tenue en décembre à Dubaï aux Emirats arabes unis, “il est crucial que l’UE la traduise en actions concrètes et ambitieuses pour envoyer un signal politique fort montrant l’exemple aux autres grands pays émetteurs”, écrivent les Etats signataires. Les quatre principaux émetteurs (Chine, Etats-Unis, Inde et UE27) contribuent en effet à plus de 55 % des émissions directes totales, selon la base de données européennes EDGAR. En 2020, l’ensemble des pays du G20 totalisaient 75 % des émissions mondiales. “Nous encourageons vivement la Commission à recommander un objectif climatique ambitieux pour 2040 [qui] devrait garantir que l’UE soit entièrement sur la bonne voie vers la neutralité climatique”, précisent les ministres de l’Environnement et du Climat.

Assurer une transition “juste et équitable”

Les onze Etats signataires de cette lettre appellent en outre à “tenir compte des recommandations du conseil consultatif scientifique européen” sur le climat. En juin 2023, ce dernier avait préconisé de viser une réduction de “90 à 95 %” des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de l’UE à horizon 2040.

« LA TRANSITION VERTE DOIT CONTINUER À ÊTRE ÉCONOMIQUEMENT RÉALISABLE, À DES COÛTS GÉRABLES, NE LAISSANT PERSONNE DE CÔTÉ »

Au moment où les réglementations environnementales européennes irritent les agriculteurs de l’Europe entière, les signataires appellent également à une transition “juste et équitable”. “La transition verte doit continuer à être économiquement réalisable, à des coûts gérables, ne laissant personne de côté, en particulier les citoyens les plus vulnérables”, soulignent-ils.

Après la présentation par la Commission européenne de ses recommandations de réduction des émissions de gaz à effet de serre le 6 février, viendra l’étape clé pour inscrire les objectifs à horizon 2040 dans la législation de l’UE, ce qui requiert un vote à l’unanimité des 27 Etats membres (la Hongrie en particulier estime que ce n’est pas réaliste). Une proposition devrait être formulée par la prochaine Commission, à l’issue des élections européennes de juin prochain.

Le transport de marchandises devrait plus que doubler

Pour atteindre ces objectifs élevés, il faudra évidemment accélérer la décarbonation des transports et notamment celle du fret routier responsables de 65 % des émissions totales de CO2 du transport de marchandises. En France, où le fret représente 9% des émissions de gaz à effet de serre, la part de la route représente environ 90 % du transport terrestre hors oléoducs.
Au troisième trimestre 2023, ce sont 40,6 milliards de tonnes-kilomètres qui ont été parcourues sur le territoire national par les poids-lourds du pavillon français, en recul de 6,5 % par rapport au pic de 43,4 milliards atteint au quatrième trimestre 2022. Or, déjà à l’origine de plus de 40 % des émissions totales de CO2 imputables aux transports, le transport de marchandises devrait plus que doubler au cours des trente prochaines années

Les vingt-sept Etats membres et le parlement européen se sont mis d’accord pour réduire les émissions des poids lourds neufs de 90 % pour 2040. Pour les camions roulant au gazole, le passage à l’électrique ou l’hydrogène (piles à combustible ou moteurs à combustion modifiés) s’annonce ainsi incontournable. Le constructeur allemand Daimler et son homologue suédois Volvo ont déjà annoncé qu’ils produiraient en série, dès 2025, des piles à hydrogène pour lancer sur les routes des poids lourds à zéro émission. 

Selon l’ACEA (Association des constructeurs européens), le secteur soutient cette initiative, à condition que l’UE accompagne les clients des industriels (transporteurs et opérateurs) dans leur transition énergétique. Cela signifie un déploiement à plus grande échelle des infrastructures de recharge. Pour l’ACEA, il faut prévoir au moins 50 000 stations de recharge électrique, 700 stations de recharge d’hydrogène et diverses autres initiatives afin d’inciter les transporteurs à investir.

Comme le déclare Arnaud Villéger, Directeur de l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI), « le prochain défi du secteur (est) l’intégration à grande échelle dans les flottes de nouvelles énergies, aujourd’hui encore à l’état embryonnaire. Celle-ci ne passant que par l’étude approfondie des possibilités et des coûts totaux de détentions de chacune d’elle ».

D’après l’OVI, c’est surtout la hausse des énergies alternatives au diesel dans le mix des commandes à laquelle il faudra être attentif pour 2024. « Cet indicateur étant en effet le révélateur de la volonté – ou la capacité – des entreprises à s’engager pour la baisse de leurs émissions de CO2 en bénéficiant au mieux des politiques publiques de soutien aux énergies « vertes » et de l’adéquation des matériels aux nécessités opérationnelles des exploitants. »

Rappelons que les ambitions de l’Union européenne en matière de changement climatique sont l’un des sujets sensibles de la campagne pour les prochaines élections européennes.

La bonne nouvelle est que, selon le quotidien The Guardian, les émissions de CO2 issues des combustibles fossiles ont baissé de 8 % en 2023 par rapport à 2022 dans l’UE. Avec 2,7 milliards de tonnes équivalent CO2, ce chiffre atteint même son plus bas niveau depuis 60 ans.

« Cette réduction de 8 % doit être célébrée, analyse Isaac Levi, membre du CREA, mais il faut faire davantage pour sevrer l’UE des combustibles fossiles, réduire sa dépendance à l’égard des États pétroliers comme la Russie, et laisser aux futures générations un monde meilleur. »

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Auteur

Didier Rougeyron

Didier ROUGEYRON

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