Sécurité routière : recul de la mortalité en 2023
Pour la première fois depuis 1926 (sans compter les années de confinements Covid), le nombre de tués sur les routes françaises est descendu sous la barre des 3 200, enregistrant une baisse de 3 % par rapport à 2022. Les occupants de voiture représentent désormais moins de la moitié des personnes tuées, mais la part des usagers les plus vulnérables parmi les victimes comptabilisées s’est accrue.
En 2023, 3 170 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine, selon les chiffres de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). En chiffres bruts, ce sont près de 100 tués de moins qu’en 2022 dont le bilan s’élevait à 3 267 décès, ce qui représente une baisse de 3 % de la mortalité routière. Pour comparaison dans le temps moyen, il y a 20 ans, plus de 6 000 personnes étaient encore victimes d’accidents mortels sur les routes françaises.
« LES OCCUPANTS DE VOITURE REPRÉSENTENT DÉSORMAIS MOINS DE LA MOITIÉ DES PERSONNES TUÉES »
Pour ce qui touche aux modes de transport, en 2023, il est estimé que 1 525 occupants de véhicules de tourisme sont décédés, 707 usagers de deux-roues motorisés, 440 piétons, 226 cyclistes, 42 utilisateurs d’engins de déplacement personnel motorisé. La base de données étant en cours de consolidation, l’analyse concernant les « autres » modes de déplacement ne sera réalisée que sur les données définitives, précise l’ONISR. À l’exception des utilisateurs d’engins de déplacements personnels motorisés (EDPm), tous les autres moyens de transport routiers recensés enregistrent une baisse de la mortalité de leurs usagers : les automobilistes (- 3 %), les conducteurs de deux-roues motorisés (- 2 %), les cyclistes (- 8 %) et les piétons (- 10 %).
Parmi les utilisateurs de trottinettes, 42 accidentés sont décédés en 2023 contre 35 en 2022 (+ 20 %), ce qui s’explique par l’augmentation de ce type d’engins, de leurs usagers et également de leur manque de protections portées (car non-obligatoires) alors même qu’ils sont très exposés sur la voie publique. D’ailleurs, depuis la pandémie, la part des usagers vulnérables, c’est-à-dire non carrossés (piétons, cyclistes, utilisateurs d’EDPm, usagers de deux-roues motorisés) parmi les personnes tuées ou blessées gravement s’est accrue. Inversement, les occupants de voiture représentent désormais moins de la moitié des personnes tuées (48 %). La part des usagers de deux-roues motorisés dans ce triste tableau reste stable : ces derniers représentent 22 % des personnes tuées, 34 % des blessés graves et 38 % des blessés qui garderont des séquelles 1 an après l’accident, pour moins de 2 % du trafic motorisé.
Les hommes plus touchés que les femmes
D’après la méthode d’estimation ONISR-Université Gustave Eiffel (Registre du Rhône) appliquée aux accidents corporels enregistrés par les forces de l’ordre en 2023, 232 000 personnes ont été blessées en 2023 sur les routes de France métropolitaine, dont 16 000 gravement. L’évolution du nombre de blessés quel que soit le degré de gravité est estimée en baisse par rapport à 2022 (- 1,9 %) et à la stabilité pour les blessés graves (- 0,7 %).
Les routes hors agglomération enregistrent 59 % des décès et 48 % des blessés graves en 2023. Il est estimé que 1 881 personnes sont décédées sur les routes hors agglomération (53 tués de moins qu’en 2022) et 7 600 ont été blessées gravement (-1 % par rapport à 2022). En agglomération, 1 016 personnes sont décédées (23 tués de moins qu’en 2022), 7 200 ont été blessées gravement (chiffre stable par rapport à 2022).
Sur autoroutes, 273 personnes ont perdu la vie (21 de moins qu’en 2022 mais 10 de plus qu’en 2019), 1 100 ont été blessées gravement (une augmentation de +2% par rapport à 2022). Les hommes sont plus exposés que les femmes avec presque 78 % des victimes, chiffre stable par rapport à 2022. En particulier, certains modes de déplacement dont l’utilisation se développe fortement ont concerné plus particulièrement les usagers de sexe masculin : 30 hommes tués à vélo de plus en 2023 par rapport à 2019, contre 7 femmes tuées en plus ; 27 hommes tués en EDPm de plus, contre 5 femmes tuées en plus. Enfin, 75 % des blessés graves sont masculins, un ratio équivalent à celui de 2022 mais supérieur à 2019.
Les victimes selon l'âge
En 2023, il est estimé que 117 adolescents de 14-17 ans ont perdu la vie, un bilan en hausse et qui atteint un niveau élevé par rapport aux années précédentes (+25 tués par rapport à 2019). De même (en hausse et avec un niveau élevé précise l’ ONISR), 377 seniors de 65-74 ans sont décédés (+60 par rapport à 2019). Le nombre de tués de cette tranche d’âge s’établit à 51 tués par million d’habitants, soit au-dessus de la moyenne qui est de 48.
Pour les 18-24 ans, 502 jeunes adultes sont décédés, un bilan moins lourd qu’en 2022 et qu’en 2019 et qui revient au niveau observé en 2018. Cependant, le ratio de tués de jeunes de cet âge reste très élevé : 92 par million d’habitants.
Chez les 25-34 ans, 461 décès sont estimés, un bilan stable par rapport à 2022 mais en baisse de façon sensible par rapport à 2019 (55 de moins). Plus de 500 personnes âgées de 75 ans ou plus sont décédées, un bilan pour l’instant en retrait (-25 par rapport à 2019) ; ces tranches d’âge restent en sur-risque mais de façon moins importante, commente l’ONISR.
Concernant les départements d’outre-mer, la mortalité routière est en baisse, elle passe ainsi de 162 tués en 2019 à 136 tués en 2023. En 2023, ces départements comptabilisaient 61 tués pour un million d’habitants, ce chiffre est inférieur à la moyenne 2018-2022 (75) mais reste élevé comparé à la France métropolitaine.
Décembre et janvier meurtriers
En analysant les chiffres de l’ONISR, le nombre de morts sur les axes tricolores se révèle en baisse de 5% sur les 11 premiers mois de l’année 2023, toutefois l’année s’est conclue dramatiquement. Décembre a en effet comptabilisé 294 morts sur les routes de France métropolitaine, une hausse de 4 % due à l’augmentation du nombre de tués en deux-roues motorisés (+ 16 décès) et au sein de la population piétonne (+ 9 morts) ainsi qu’une recrudescence de la mortalité sur la totalité des réseaux routiers (hors autoroutes). Les résultats définitifs pour 2023 seront publiés à la fin du mois de mai.
Il est estimé que 240 personnes sont décédées en janvier 2024 sur les routes de France métropolitaine, pour 227 en janvier 2023, soit une hausse de +6 %. On note en particulier une augmentation du nombre de piétons tués sur la même période l’an passé (45 soit +15), du nombre de tués en deux roues motorisés (40 soit +9) et à vélo (15 soit +4) mais une baisse des tués en véhicule de tourisme (124 soit -14). La hausse est présente sur les autoroutes et les routes hors agglomération et elle concerne en particulier les personnes de 65 ans ou plus (+21 tués). Toujours en janvier 2024, 1 001 personnes ont été blessées gravement, soit un nombre équivalent à celui de janvier 2023 (d’après la méthode d’estimation élaborée par l’ONISR sur la base des travaux de l’Université Gustave Eiffel).
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