Préservation des sols : objectif zéro artificialisation nette

Préservation des sols : objectif zéro artificialisation nette

La France veut en finir avec la vague de bétonisation des sols. Afin d’inverser ce phénomène, le Gouvernement s’est fixé un objectif de « zéro artificialisation nette » en 2050. Deux startups hexagonales se mobilisent pour lutter contre l’imperméabilisation qui augmente les risques de ruissellement et d’inondation tout en participant à la hausse du réchauffement climatique mais également contre les déchets plastiques.

préservation des sols
Un défi : récupérer les déchets plastiques pour les transformer en dalles de parking perméables Crédit photo: Purple Alternative Surface

Près de 3,5 millions d’hectares sont aujourd’hui artificialisés en France, soit 6,4 % du territoire. Ramené à la population, c’est 15 % de plus qu’au Royaume-Uni ou en Espagne.

L’imperméabilisation des surfaces empêche la pluie de s’infiltrer dans le sol, d’alimenter les nappes phréatiques et de jouer son rôle de régulateur du climat. À l’inverse, reconnecter la pluie au cycle de l’eau permet de diminuer l’impact des précipitations, de plus en plus denses et violentes, d’hydrater le sol et de rafraîchir le climat en surface. Routes asphaltées, trottoirs en béton, parkings, toitures et sols très compactés sont trop largement répandus. Il est urgent de réagir puisque l’artificialisation des sols augmente à l’heure actuelle presque 4 fois plus vite que la population, avec évidemment des conséquences néfastes sur l’environnement, l’économie et la société. Cela tombe bien, en France des PME se sont emparées de la question avec inspiration et les projets d’aménagement de parkings et de centres urbains perméables fleurissent.

Des solutions de parking écologiques

Créée en juin 2020, la startup française Purple Alternative Surface récupère les déchets plastiques pour les transformer en dalles de parking perméables. Elle développe par exemple le produit Purple Solo, un revêtement d’emplacement de parking, fabriqué à partir de produits recyclés et recyclables, qui prend la forme de dalles alvéolaires interchangeables capables de stocker et filtrer de l’eau de pluie. D’une durée de vie estimée à 50 ans et  100 % recyclable, la solution économise les terrassements, réduit le volume d’apports granulaires, diminue les volumes de bassin de rétention, permet l’infiltration des eaux de pluie et de plus se démonte pour faciliter l’accès aux réseaux enterrés. Elle permet aussi de réaliser des aménagements en faveur des PMR (personnes à mobilité réduite) parfaitement plans.  

« NOTRE GAMME DE PRODUITS OFFRE UN NOUVEAU SUPPORT POUR INTÉGRER DE L’INTELLIGENCE SUR LES ROUTES »

Ces dalles qui peuvent être utilisées pour des voix de circulation sont fabriquées avec des déchets plastiques qui, jusque-là, n’étaient pas recyclés. Ils ne sont pas incinérés mais fondus et compactés, rejetant moins de CO2 dans l’atmosphère. 

Basé à Belfort, le concepteur propose ainsi  « un nouveau support pour intégrer de l’intelligence sur les routes. Le développement de ces applications et bien d’autres sont en cours de recherche afin d’améliorer le quotidien et s’inscrire pleinement dans les nouveaux enjeux de la smart city », souligne le fabricant.

Cette jeune pousse a le vent en poupe et collectionne les trophées. Elle a participé à l’aventure du bateau Plastic Odyssey, a été labellisée Solar Impulse et Afnor, lauréate de la Métropole du Grand Paris pour le programme Quartiers Métropolitains d’Innovation, récompensée par Bouygues et par le groupe Eiffage. D’après lesechos.fr, « ce succès à la ville est amplement mérité, tant la solution proposée semble prometteuse. Ne reste plus qu’à prouver la viabilité de son modèle ».

Stimuler les micro-organismes du sol

Autre exemple de parking écologique, l’entreprise Cargill, implantée à Rouen, en Normandie, a récemment rénové son parking de plus de 1000 m² en le désimperméabilisant pour permettre à l’eau pluviale de s’infiltrer directement.

Pour ce faire, l’entreprise française TenCate AquaVia a développé un aquatextile, nommé InDi’Green (soit infiltration directe verte), favorisant l’infiltration des eaux pluviales tout en réduisant les risques de pollution en hydrocarbures et par les HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) provenant de graisses tombées ou de fuites d’huiles de véhicules. Comme le détaille le portail environnement-magazine.fr, InDi’Green fixe les micropolluants et active ensuite leur biodégradation : il est en effet conçu pour stimuler les micro-organismes du sol qui vont détruire les hydrocarbures.

Autre projet en cours de l’entreprise, la gestion des eaux pluviales dans le cadre des travaux d’extension de l’aire de trafic nord de l’aéroport Toulouse Francazal. La surface imperméable de 91 000 m², à traiter au moyen d’aquatextile oléo-dépolluant, comprend de la voirie et une aire de stationnement d’aéronefs avec un trafic léger d’engins de chantier.  

Cette solution, issue de dix ans de R&D, encourage les municipalités à concevoir des voiries urbaines plus perméables. « On ne peut pas laisser une eau pluviale polluée s’infiltrer dans le sol sans traitement. C’est antinomique avec la notion même de durabilité alors que 25% de la biodiversité se situe sous terre. Associer la dépollution des eaux pluviales à l’infiltration fait gagner sur les deux tableaux : on permet à l’eau de nourrir les sols, ce qui constitue un bénéfice écologique considérable de nos jours, et on fait gagner du temps et de l’argent à la maîtrise d’ouvrage, car l’aquatextile est pérenne, autonome et sans entretien », ajoute Jean-Pascal Mermet, président de TenCate AquaVia.

Environ 500 projets, en France et en Europe, ont choisi cette innovation, retenue en particulier pour traiter les eaux pluviales du parking de la gare du futur village Olympique à Saint-Denis.

Aujourd’hui, la recherche de performances mécaniques des revêtements va de pair avec la maîtrise des impacts environnementaux. Ainsi Eiffage commercialise le matériau “Biophalt”, alternative aux bitumes d’origine pétrolière grâce au caractère végétal de son liant qui en fait un véritable « puits de carbone ». Il remplira sa fonction pour tous les usages depuis la chaussée faiblement circulée jusqu’aux cas de trafics les plus lourds, y compris autoroutiers. La valorisation de substituts issus de la chimie végétale est à ce titre un levier particulièrement efficace, explique le fabricant. De nombreuses mises en œuvre dans toute la France, comme sur la RN205 (ATMB) ou l’A40 (APRR), ont démontré son « efficacité technique et environnementale ».

Dernière précision, la France s’est fixée, dans le cadre de la loi Climat et résilience adoptée en août 2021, l’objectif d’atteindre le “zéro artificialisation nette des sols” en 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers dans les dix prochaines années (2021-2031) par rapport à la décennie précédente. Dans cette dernière période, 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés chaque année en moyenne en France, soit près de 5 terrains de football par heure. 

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Auteur

Didier Rougeyron

Didier ROUGEYRON

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