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Depuis septembre dernier, le bus autonome 100% électrique de la ligne 393 dans le Val-de-Marne est entré dans une nouvelle phase d’expérimentation en accueillant des voyageurs à son bord. Il s’agit d’une première en France qui illustre les ambitions d’Île-de-France Mobilités et le savoir-faire de la RATP en matière d’exploitation de véhicule autonome.
C’est une première sur le territoire national. Le lundi 11 septembre, Île-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice de la mobilité dans cette région et la RATP ont expérimenté un bus autonome, avec voyageurs, sur une ligne de bus classique du réseau parisien. L’objectif de cette expérimentation présente une double perspective. La première est d’intégrer progressivement l’autonomie à une ligne à haut niveau de service pour améliorer, grâce à un bus, la mobilité du quotidien pour des dizaines d’usagers. La seconde est d’approfondir l’expertise de la RATP sur les questions d’autonomie, en traitant notamment la question de la cohabitation d’un véhicule autonome au sein d’une exploitation classique.
Assurer la sécurité des voyageurs en toutes circonstances
Le véhicule de 12 mètres de long est 100 % électrique et peut accueillir jusqu’à 17 voyageurs (en places assises) sur la ligne déterminée, en présence d’un conducteur qui a pour rôle “d’assurer la sécurité des voyageurs en toutes circonstances”, précise la RATP. En d’autres termes, le « safety driver » comme on l’appelle dans le jargon, doit pouvoir reprendre le contrôle du véhicule à n’importe quel moment mais n’a pas à le surveiller en permanence. C’est ce qu’on appelle le niveau 3 de l’autonomie. Le seul détail extérieur qui le différencie des autres bus est la présence de deux caméras sur les côtés, à l’avant.
Cette ultime phase d’expérimentation a eu lieu en plusieurs étapes : d’abord de nuit et sans voyageur, puis de jour toujours sans voyageur mais intégré sur une ligne de bus classique. La ligne 393 se situe en petite couronne parisienne et comprend 20 arrêts, répartis sur 12 km, pour une durée totale de trajet d’environ 30 minutes. Le bus autonome ne circule pour sa part qu’entre les arrêts Sucy-Bonneuil et Créteil Pointe du Lac, du lundi au vendredi de 9h à 15h, afin de ne pas perturber le service habituel, qu’il vient compléter en heure de pointe. Tous les passagers doivent se tenir assis et attachés. Les poussettes ne sont pas acceptées à bord, ni les fauteuils roulants. En principe, ce bus autonome devrait entrer en service sur certaines lignes parisiennes dès 2024.
Promesses et contraintes de la mobilité autonome
Au delà du service apporté, cette expérimentation avec voyageurs, menée par la RATP en collaboration avec Île-de-France Mobilités, permet aux entités participantes de franchir une étape majeure dans le défi que représente la mobilité autonome. La Régie des transports parisiens démontre ainsi sa capacité à « offrir la meilleure expérience de voyage possible à ses usagers, alliant son expertise d’opérateur de transports, sa connaissance fine du réseau, sa qualité de service sur-mesure et sa capacité d’innovation, pour les mettre au bénéfice de ses voyageurs et collaborateurs. »
« IL ÉTAIT NATUREL POUR LE GROUPE RATP, À LA POINTE DES VÉHICULES AUTONOMES EN ZONES URBAINES DENSES, D’ACCOMPAGNER L’ÉMERGENCE DE CETTE NOUVELLE MOBILITÉ URBAINE »
Dans le même esprit d’innovation, lundi 18 septembre était lancée une seconde expérimentation de véhicule autonome avec, là encore, des voyageurs à bord, sur la navette inter-gare, dans un milieu urbain dense reliant la Gare de Lyon, le Pôle de Bercy et la Gare d’Austerlitz.
« Avec le soutien d’Île-de-France Mobilités, il était naturel pour le groupe RATP, à la pointe des véhicules autonomes en zones urbaines denses, d’accompagner l’émergence de cette nouvelle mobilité urbaine et d’étudier les modalités d’intégration de véhicules autonomes dans le réseau francilien. Cette nouvelle expérimentation reflète le savoir-faire du Groupe en la matière et représente une nouvelle étape majeure pour les mobilités autonomes urbaines en termes de maturité technologique et opérationnelle», a déclaré Gilles Tauzin, directeur de l’innovation au sein de la RATP.
D’autres expérimentations se poursuivent parallèlement en Europe. Ainsi, l’« Auto-Shuttle », de l’entreprise britannique Aurrigo, circule actuellement en République tchèque et au Royaume-Uni. L’initiative est financée par l’Union européenne et dirigée par l’University College of London. L’idée est d’évaluer le potentiel des transports publics sans conducteur en Europe. Les technologies semblent prêtes. Il reste néanmoins quelques points cruciaux à éclaircir et certains doutes à lever.
Car, comme le souligne le siecledigital.fr, l’usage des véhicules autonomes, tout en étant très prometteur, présente également de nombreux défis. Par exemple, outre l’impact inévitable sur l’emploi des secteurs concernés (transport public, livraisons, pour ne citer que les plus évidents), les coûts de développement et les questions de cyber sécurité liées à l’utilisation des données, « la détermination des responsabilités en cas d’accident de véhicule autonome est complexe et les questions juridiques correspondantes doivent encore être résolues. » C’est sans doute là l ‘écueil le plus saillant.
Pour autant, de la capacité à réduire les embouteillages à la baisse des taux d’assurance et de la consommation de carburant, les avantages sont nombreux. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que 94 % des accidents de la route sont dus à une erreur humaine. Si la technologie n’est pas totalement infaillible, elle pourrait représenter, de ce seul point de vue de la sécurité, un progrès fondamental.
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Auteur
Didier ROUGEYRON
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