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Safra, acteur majeur de la rénovation des matériels de transport de personnes et Hyliko, première plateforme de mobilité hydrogène pour le transport routier de marchandises, ont passé un protocole d’accord pour le rétrofit hydrogène de poids lourds en série. Cette collaboration stratégique contribuera à la décarbonation du secteur du transport routier de marchandises en France.

Hyliko
Une vision commune pour accélérer la transition énergétique du transport routier de marchandises
Crédit photo : Hyliko et Safra

Dans sa nouvelle stratégie de mobilité durable, la Commission européenne vise à mettre en circulation 60.000 camions à hydrogène sur les routes d’ici à 2030. Dans l’Hexagone, rien que pour les bus (publics ou non) à hydrogène, pas moins de 747 projets sont déployés ou déjà en cours d’exploitation. Un exemple, en date du 18 octobre 2023 : Safra, pionnier de la mobilité hydrogène en France, va livrer 10 bus à hydrogène dans le cadre du projet global de transition énergétique « InspiRe » de Clermont Auvergne Métropole et du Syndicat Mixte des Transports en Commun de l’Agglomération Clermontoise (SMTC-AC), avec pour maître d’œuvre Keolis. Le projet InspiRe consiste dans le développement d’un écosystème inédit et innovant, dédié à l’hydrogène, depuis la production d’une énergie 100 % décarbonée (station des Gravanches), à l’avitaillement de la flotte de véhicules (station de compression et distribution de Cournon-d’Auvergne), ainsi qu’à la mise en service de 10 autobus neufs et 4 autocars issus du rétrofit. Cette nouvelle commande vient compléter le carnet de commandes de Safra déjà fourni pour l’année 2024…

L’intérêt est que la technologie hydrogène peut s’adapter à tous les types de transport, y compris ferroviaire et aérien. Pour sa part, un véhicule routier à pile à combustible  offre le confort opérationnel d’un véhicule thermique et il est particulièrement adapté aux mobilités lourdes et/ou intensives. Autre exemple, en date du 23 octobre, Hyzon Motors a annoncé un essai commercial de son premier camion de collecte de déchets électrique à pile à combustible en Australie. Le constructeur américain, ainsi que Mercedes, Nikola et Hyundai comptent parmi les constructeurs de camions les plus engagés dans cette voie. Mais avant de produire des poids-lourds à l’hydrogène en première monte, peut-on déjà convertir les camions carburant aux énergies fossiles à une autre motorisation de type zéro-émission?

Deux acteurs engagés dans la transition énergétique

Forts de leur expertise respective et de leur complémentarité, Safra et Hyliko se sont à cet égard entendus sur le développement industriel du rétrofit à l’hydrogène. Cette vision partagée pourra accélérer dans une certaine mesure la transition énergétique du transport routier de marchandises. Société française créée en 1955, Safra est un acteur historique de la rénovation des matériels de transport de personnes, une entreprise spécialisée dans le rétrofit gasoil-hydrogène de véhicules de transport routier de voyageurs (TRV) en Europe. Son partenaire Hyliko est la première plateforme de mobilité hydrogène vert pour le transport routier de marchandises. Son offre comprend le leasing et la maintenance de camions à hydrogène, l’avitaillement en hydrogène vert dans un réseau de stations poids-lourds et la gestion de l’empreinte carbone. Ce partenariat s’inscrit dans la continuité de l’engagement des deux entreprises au sein de la Coalition Retrofit H2, qui vise à développer le rétrofit à l’hydrogène pour la mobilité en France.

Une organisation partagée

Le protocole d’accord précise le périmètre de la collaboration : les véhicules seront fournis par Hyliko et traités dans les usines Safra à Albi (Tarn), pour permettre leur livraison dans un délai de 6 semaines chez les transporteurs, clients de l’offre. L’opération de rétrofit consistera au démantèlement du système diesel, à la rénovation et enfin à l’installation du groupe motopropulseur hybride hydrogène. « Cette collaboration vise ainsi à mettre en commun les compétences d’Hyliko et de Safra en matière d’architecture véhicules, d’assemblage, de production à l’échelle industrielle, au service de processus logistiques rodés et de sécurisations techniques certifiées », précise le communiqué des deux partenaires.

Ces derniers souhaitent se doter d’une capacité de production industrielle de quelques dizaines d’unités par an à partir de 2024, puis jusqu’à quelques centaines de véhicules par an, en ligne avec la croissance espérée de la demande pour ces véhicules. En transformant d’anciens véhicules diesel en véhicules zéro émission hydrogène, ces véhicules bénéficieront donc d’une seconde vie, prolongeant leur utilité et réduisant leur impact environnemental. La « remise à neuf complète » assurera d’autre part un certain confort au transporteur dans son exploitation commerciale et, bien entendu, au conducteur du poids-lourd dans l’exercice de ses habituelles missions.

Le communiqué ajoute que, par ce partenariat, les deux entreprises deviennent la première force industrielle à adapter en série des poids-lourds pour la propulsion hydrogène en France.

« CETTE ASSOCIATION DÉMONTRE L’ENGAGEMENT DE NOS ENTREPRISES RESPECTIVES POUR LA DÉCARBONATION ET LA TRANSFORMATION RAPIDE DU TRANSPORT EN ZÉRO ÉMISSION »

« En tant que plateforme de mobilité lourde hydrogène vert, Hyliko est fermement engagé à mener toutes les actions qui permettront la mise à la route la plus rapide de véhicules hydrogène poids lourds pour les intégrer à son offre locative. En attendant l’offre de véhicules neufs hydrogène, et parce que nous sommes convaincus de la pertinence du rétrofit, nous avons à cœur d’engager ce partenariat avec Safra qui démontre notre ambition : déployer rapidement la propulsion hydrogène et accélérer la transformation du parc existant, pour atteindre l’objectif de neutralité carbone du transport routier de marchandises », affirme Ovarith Troeung, directeur général d’Hyliko.

Son homologue de Safra, Stéphane Prin estime que cette association démontre l’engagement des deux entreprises pour la décarbonation et la transformation rapide du transport en zéro émission. Ce partenariat « va permettre de mettre à profit nos compétences de rénovation, de rétrofit de véhicules lourds, ainsi que notre expérience et expertise de constructeur de véhicules lourds hydrogène. Ce programme s’inscrit dans notre stratégie et notre ADN : réduire l’empreinte de la mobilité et permettre demain de conserver une planète vivable », ajoute le directeur général de Safra.

Des ambitions pour un avenir durable

Cette résolution va dans le sens de la transition voulue par le Gouvernement. Pour rappel, avec la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné annoncée en 2020 et le plan France 2030, le pays se donne les moyens, à hauteur de 9 milliards d’euros, en s’appuyant sur ses laboratoires de recherche et ses industriels à la pointe de l’innovation, de créer une filière compétitive d’hydrogène renouvelable et bas carbone, et de devenir un des leaders mondiaux de l’hydrogène décarboné par électrolyse.

La dynamique de la filière hydrogène connaît un essor sans précédent en France et dans le monde. Aujourd’hui, indique france-hydrogene.org, des flottes de véhicules professionnels (collectivités, entreprises) sont déjà déployées sur le territoire. Il s’agit de véhicules utilitaires légers et de berlines (taxis) ou encore de flottes de bus. Les bennes à ordures ménagères sont également en cours de déploiement avec plusieurs collectivités qui ont déjà passé commande. Au niveau des mobilités lourdes, l’hydrogène est envisagé pour des navires à passagers de type ferry, pour le train à hydrogène et l’avion.

A l’horizon 2030, les usages pour la mobilité consommeront, d’après les projections des experts, 160 000 tonnes/an d’hydrogène renouvelable et bas-carbone, soit l’équivalent de 300 000 véhicules légers (VUL et taxis), 5 000 poids lourds (bus, autocars et camions), 65 bateaux et navires, et 100 trains. Les bénéfices pour l’environnement sont estimés à 6 000 000 T de CO2 (évitées par an) à horizon 2030. Plus de 100 000 emplois seraient créés dans cette filière à la même échéance.

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Didier Rougeyron

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