Zones à trafic limité : pour ou contre ?

Zones à trafic limité : pour ou contre ?

À Paris comme à Lyon, le projet de Zone à trafic limité anticipe des baisses significatives de la pollution et du bruit, pourtant certains riverains s’inquiètent des contraintes occasionnées. En Angleterre, une étude démontre que les zones à trafic réduit apportent des bénéfices réels pour la santé publique : jusqu’à cent fois supérieurs à leurs coûts.

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À Paris l'étude d'impact anticipe jusqu'à 30% de circulation en moins localement Crédit photo : Didier Rougeyron

Les zones à trafic limité (ZTL) ont pour effet de contribuer à réduire la pollution atmosphérique et sonore ainsi que la congestion du trafic dans des périmètres urbains en limitant l’accès des véhicules motorisés. En encourageant l’utilisation de modes alternatifs tels que la marche, le vélo et les transports en commun, les bénéfices vont ainsi, c’est l’objectif recherché, à une mobilité plus durable et à une meilleure qualité de l’air.

«  UNE BAISSE GÉNÉRALE DU TRAFIC EST ATTENDUE »

La ville de Paris a dévoilé en décembre 2023 les résultats de son étude d’impact menée dans le cadre du projet d’instauration d’une zone de trafic limité (ZTL) dans le secteur de Paris Centre. Elle montre qu’une “baisse générale du trafic est attendue dans la ZTL”, dont la mise en place n’engendrera “aucun report massif” de circulation dans les quartiers voisins, assure la mairie. La baisse du volume de circulation dans le centre de Paris grâce à la ZTL est estimée à “-30% avenue de l’Opéra, -15% boulevard de Sébastopol, -11 à 17% quai Henri IV, -7 à 9% rue Réaumur”, toujours selon la mairie.

Améliorer la qualité de vie urbaine

Cette diminution du trafic entraînerait logiquement “une diminution du niveau de bruit” et “une amélioration de la qualité de l’air”. La future concentration en dioxyde d’azote sera ainsi selon l’étude de “-15% avenue de l’Opéra, -10% boulevard de Sébastopol, -15% boulevard Henri-IV, -5% quai Henri-IV, -7% quai de l’Hôtel de Ville”.

Mais d’autres opinions s’expriment, émanant des commerçants et riverains. D’après certains, l’impact de la mise en place de cette zone serait en réalité très limitée, tant sur la pollution atmosphérique que sonore. Même écho avec le début du chantier de la zone à trafic limité (ZTL) dans la presqu’île de Lyon et sa mise en place à l’été 2025, un hyper-centre animé où les commerçants craignent de perdre en flux de clients. Certes, si le développement des ZTL peut avoir un impact sur les commerces locaux, en limitant l’accès des clients en voiture, certaines études ont cependant montré qu’elles peuvent également favoriser le développement économique en créant des environnements plus attractifs pour les piétons et en augmentant la fréquentation des commerces.

À Paris, le périmètre de cette zone à trafic limité s’étendra aux 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements, soit au cœur de la capitale. “Les discussions se poursuivent avec l’État concernant l’inclusion des îles et des quais rive droite de ce périmètre”, précise la ville qui souhaite cette extension au contraire de la préfecture de police de Paris à qui revient la décision finale…

D’importantes économies de santé

En Angleterre, une étude menée par l’université de Westminster, montre que les bénéfices sanitaires des quartiers à faible trafic sont jusqu’à cent fois supérieurs à leurs coûts. En développant les modes doux comme la marche et le vélo, les habitants accèdent à une vie plus saine et de facto présentent moins de risques de maladies, ce qui permettrait de réaliser déjà d’importantes économies de santé.

C’est le bilan d’une analyse menée sur six ans, auprès de plusieurs milliers d’habitants, dans trois zones en périphérie de Londres (Enfield, Kingston et Waltham Forest) qui ont adopté des mesures similaires. Au Royaume-Uni, un “quartier à faible trafic” est un ensemble de rues résidentielles où la circulation automobile est restreinte, souvent à l’aide de barrières, de bornes ou de jardinières et parfois par de simples panneaux signalétiques. Cette pratique est très populaire en Grande-Bretagne depuis les années 70. Aujourd’hui, ce type de zone concernerait environ 4% de la population du Grand Londres, selon un article de The Guardian.

Il ressort de l’étude de la prestigieuse institution que le bénéfice cumulé pour la santé publique est estimé à 4.800 livres, en moyenne par résident, sur une période de vingt ans, comparé à un coût de mise en œuvre qui varie entre 28 et 112 livres par personne, selon la nature des mesures adoptées. L’enquête montre que les effets positifs se font ressentir environ deux ans après leur mise en place, avant de croitre progressivement dans le temps. In fine, ce bénéfice serait entre 50 et 200 fois supérieur aux coûts de mises en place de ces zones à faible trafic. L’étude souligne aussi que sur cette même période, dans ces trois zones, cette politique a permis d’éviter, chaque année en moyenne, 37 décès et plus de 535.000 jours d’arrêt maladie.

Chacun, finalement, se fera son opinion. Il n’en demeure pas moins que le développement des ZTL doit s’inscrire dans une approche plus large de planification urbaine intégrée, qui tient compte des besoins en matière de transport, d’aménagement du territoire, d’environnement et de qualité de vie. À cet égard, il est important de prendre en compte les différents aspects sociaux, économiques et environnementaux et d’adopter une approche bien réfléchie, planifiée et donc intégrée. Une consultation publique et une communication efficace sont par ailleurs essentielles pour garantir une acceptation sociale et minimiser les conflits, comme on le constate notamment en France ou les zones à faibles émissions (ZFE) font l’objet de débats pour le moins nourris. Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu vient d’ailleurs à ce sujet d’annoncer que Strasbourg n’avait plus l’obligation de mettre en place une ZFE.  Pourquoi ? Parce que la pollution de l’air a baissé et que le gouvernement n’oblige donc plus l’Eurométropole à mettre en place des restrictions de circulation.

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